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Le monde microbien dans nos programmes (conférence par M.A. Selosse)

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Le samedi 7 Janvier 2017, Marc-André Selosse, Professeur au Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris, Professeur invité aux universités de Gdansk (Pologne) & Viçosa (Brésil) et Président de la Société Botanique de France, a abordé la thématique suivante :

« Le monde microbien dans les programmes de SVT »

Pour les enseignants de SVT, présents en nombre, cette conférence a permis d’actualiser les connaissances sur l’importance du monde microbien pour les végétaux, les animaux, l’évolution de nos civilisations humaines et l’importance des interactions dans l’évolution. Voici quelques idées fortes…

  • Pas de plantes sans microbe : les mycorhizes, sont importantes pour la nutrition des deux partenaires, mais également pour la protection des plantes. Les nodosités des légumineuses montrent que la symbiose, plus qu’une simple union de partenaires, est un exemple d’émergence. De nouvelles fonctions apparaissent grâce à cette association.
  • Pas d’animaux sans microbe : le monde microbien est important pour la nutrition, la protection et le développement des animaux. La flore du rumen des vaches est la principale source alimentaire de ces animaux. Ne devrait-on pas plutôt les qualifier de microphages que d’herbivores? Les souris axéniques (sans microbe) ont un système immunitaire insuffisamment développé (tissus lymphoïdes sous-développés et gènes liés à l’immunité sous-exprimés). Notion de « saleté propre »! Ces souris axéniques expriment moins de marqueurs de l’anxiété et prennent plus de temps à apprendre. Idée de plasticité synaptique différente. Les animaux sont co-construits avec des microbes! Autre exemple avec le lait maternel qui contient des oligosaccharides indigestes pour les nourrissons mais nécessaires pour la nutrition et le développement de leur flore intestinale.
  • Pas de civilisation sans microbe : notre alimentation n’est possible qu’avec les microbes. Le début de l’agriculture au néolithique coïncide avec une alimentation plus importante mais aussi moins diverse. L’alimentation est alors essentiellement basée sur les céréales dont les graines contiennent des produits hautement toxiques comme les phytates (molécules polyphosphatées capables de fixer des minéraux comme le fer ou le magnésium) qui ne sont pas digérés et entraînent des carences minérales importantes. Ceci explique en partie pourquoi la taille des hommes au néolithique a diminué de 16 centimètres! Des procédés de fermentation (panification, transformation du lait, le rouissage du manioc…) ont permis de « détoxifier » ces aliments et d’améliorer l’alimentation.
  • Pas d’évolution sans interaction : les organismes n’évoluent pas seuls mais en constante interaction avec les microbes. Ne pourrait-on pas dire que les organismes n’existent pas, que ce sont des représentations du monde et des artéfacts du macroscopique? Marc-André Selosse dans un article sorti dans le Pour La Science de novembre 2016 développe la notion d’Holobionte. « Le concept d’organisme montre aujourd’hui ses limites : il faut désormais prendre en compte le fait qu’un animal ou une plante ne peut vivre sans les multiples microorganismes qui l’habitent ».
    Finalement, seules les interactions biologiques sont pertinentes et le plus souvent elles impliquent des microbes!

Documents téléchargeables :

poly_conf  article_apbg2010_coloration_mycorhizes   article_pls2011_evolution_fusion_selosse  article_mycorhizes_selosse

Retrouvez également les articles de son laboratoire au Muséum Nationale d’Histoire Naturelle,  l’Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité (UMR 7204) : http://isyeb.mnhn.fr/Marc-Andre-SELOSSE