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Du dimanche 6 au vendredi 11 avril 2025 : Stage naturaliste dans les Vosges, autour de Nancy

Le groupe sur les hauteurs du lac noir

Une fois n’est pas coutume, un stage naturaliste était organisé par notre régionale lors des vacances d’avril. Objectif, faire une balade en forêt avec le spécialiste international des ectomycorhizes Francis Martin. Mais voilà, le réchauffement climatique en a décidé autrement ! Alors que le scientifique devait être dans les Vosges à cette période, quelques jours avant notre départ, il apprenait que son étude de terrain en Chine était décalée à la semaine où nous allions dans le Grand Est pour cause de risque d’incendies encore présent dans les forêts chinoises où il devait faire des prélèvements. Enfin, si nous n’avons pu le rencontrer, ce stage n’en fut pas moins riche pour autant.

Pour l’aspect botanique de notre programme, visite de l’INRAE de Nancy en compagnie de Claire Veneault-Fourrey (chercheuse et spécialiste des ectomycorhizes du peuplier) et du très riche jardin botanique Jean-Marie Pelt. « Jardin remarquable », il comporte 2500 m2 de serres tropicales permettant d’observer la diversité des adaptations des plantes aux milieux arides ou humides et tropicaux ou aquatiques… Petit coup de cœur assuré pour la collection des plantes myrmécophiles. Mais, outre les serres, les collections en extérieur valent également le détour : des pelouses alpines aux écosystèmes lorrains, en passant, par exemple, par le vallon des rhododendrons ou le jardin des roses. En bref, si vous comptez le visiter, prévoyez du temps car il est très vaste.

Les Vosges étant un des départements les plus boisés de France, une rencontre avec l’ONF s’imposait et ce d’autant plus que 85% des forêts y sont domaniales. Quoi de mieux que d’aller sur le terrain, dans la forêt de la Vancelle, en compagnie de 3 agents forestiers pour comprendre comment ils gèrent, notamment grâce à la technique des placeaux, le dépérissement de certaines parcelles suite au stress hydrique associé au réchauffement climatique. Cette méthode consiste à installer dans des petites zones un petit nombre de plants en forte densité afin d’obtenir des peuplements plus résilients face aux changements climatiques. Mais, outre leur première mission de protéger la forêt, les personnes de l’ONF doivent aussi assurer la filière bois, accueillir le public et respecter la biodiversité. Et, il n’est pas toujours facile de concilier tout cela…

Autre point d’étude de ce stage, et non des moindres, toute la géologie, de 4,388 Ga à aujourd’hui, en un seul lieu ! Le centre de géologie de Terrae Genesis. Accompagné durant toute un journée de Cyrille Delangle, le co-fondateur du centre et accessoirement également professeur de SVT à Remiremont, nous avons découvert, dans le massif du Fossard, des affleurements hautement pédagogiques pour illustrer : les cycles de Wilson avec les orogenèses calédonienne, cadomienne, varisque et alpine ; les glaciations jusqu’à 11000 ans sans oublier l’exploitation des ressources géologiques locales. Les Vosges réservent de véritables surprises géologiques avec des roches à l’histoire bien surprenante. En bref, les Vosges, ça vaut le détour !  Ne ratez surtout pas les riches collections pétrologique, paléontologique et minéralogique du centre Terrae Genesis.

* Migmatite présentant A) un gneiss cadomien dont le protolithe est calédonien – B) diatexite d’origine varisque recoupée par des failles (1) orientées est-ouest également d’origine varisque. Cet affleurement a été exhumé par l’orogénèse alpine et poli par les dernières glaciations de la région. Une véritable roche racontant l’histoire de 4 cycles orogéniques.

Cette semaine a également rimé avec aventure. En basculant dans les Vosges alsaciennes, c’est bien équipés (casque, bottes et ciré) que nous avons parcouru, à la frontale, les galeries de la mine de cuivre argentifère « Gabe Gottes » creusées dans la Neuenberg à proximité de Sainte-Merie-aux-Mines.

Après cette plongée souterraine dans l’histoire nous avons terminé notre périple dans l’est par la Grande Histoire sur le champ de bataille de Verdun de 1916. Beaucoup d’émotions en visitant successivement :

  • Le Fort de Douaumont situé sur la crête des côtes de Meuse, le plus grand ouvrage de la place fortifiée de Verdun. Occupé alternativement par des soldats Français, Allemands en février 1916 puis à nouveau par les Français en octobre de la même année, il fut l’objet de bombardements incessants : il reçut plus de 120 000 obus de tous calibres. On en voit les traces marquantes lorsque l’on se déplace sur le toit cratérisé du fort. Il ne reste plus qu’à imaginer les conséquences de ces énormes explosions pour les soldats à l’intérieur (poussières de ciments, gaz toxiques, souffrances, agonie avec la peur de l’ensevelissement…).
  • Le Mémorial de Verdun, l’Ossuaire de Douaumont et la nécropole nationale de Fleury-devant-Douaumont qui rassemble plus de 16 000 tombes de soldats et le village détruit de Fleury.

Une semaine extrêmement riche et variée qui a su conjuguer sciences, histoire, gourmandise au gîte de Marmonfosse et bonne humeur.